Comment Servir Un Roi Royalement ? [Feat Heika]

 

Akashi lâcha un soupir ; il était anxieux.

Sans doute aucun, n’importe qui dans sa situation actuelle le serait inévitablement, mais dans son cas c’était un peu différent… Il avait déjà rencontré sa Majesté, s’était même assis à la même table que lui (et s’était vu pris pour l’époux d’une jeune fille dont il ne savait rien et qui semblait connaitre le Roi, à ce simple souvenir il avait envie de s’enterrer six pieds sous terre), mais à l’instant, il s’aprêtait à le rencontrer dans un cadre bien plus solennel, et cette simple idée lui mettait un stress totalement inhabituel pour lui sur les épaules.

En réalité, s’il n’y avait que le fait que le Roi en personne allait le recevoir, il aurait pu s’en sortir : rencontrer des personnes importantes n’était certes pas son quotidien, mais du temps où il vivait dans son Monde, ce n’était pas une chose qui ne se produisait jamais ; il avait même serré la main du premier Ministre à seulement l’âge de sept ans (lors d’un grand banquet réunissant tous les grands entrepreneurs du Japon), mais il s’agissait bien là d’autre chose.

Mibuchi aurait appelé cela un love thunder, mais lui voyait bien plus cela comme de l’admiration. Seulement Seijuuro n’avait encore jamais admiré personne ; il avait respecté, mais jamais admiré. C’était donc une première pour lui.

Il fallait avouer que Sa Majesté Monokuma avait un charisme à couper le souffle, une véritable aura de chef, une assurance inébranlable… Des qualités qu’on lui avait autrefois attribué mais qu’il trouvait chez lui si insignifiants en comparaison à cet homme époustouflant. Il ignorait comment, par quel sombre effet, ou même alchimie, il s’était vu si subjugué par le monarque, mais il pouvait l’attester, l’effet avait été immédiat. Dès qu’il l’avait aperçu de la foule, se tenant fièrement pour saluer le Roi de Verde.

Tiens, il voyait bien différemment le Roi du Royaume de l’Equilibre ; peut-être car il l’avait rencontré en d’autres circonstances, il ne saurait vraiment dire, mais bien qu’il éprouvât le même respect, et que la force et la sagesse qu’inspirait Wukuri n’avait pas manqué de le marquer, cela restait fondamentalement différent pour lui, et il ne doutait point qu’il ne serait pas dans le même état s’il s’apprêtait à avoir audience avec le Verdien.

Prenant une profonde respiration, il attendait patiemment que l’on informe sa Majesté de sa demande d’entrevue en essayant de se calmer. Inconsciemment, ses doigts se resserrèrent légèrement sur le couffin de feuille posé près de lui, scellant la raison de sa venue ici. Il ignorait si une telle action impressionnerait réellement le Roi, lui qui devait avoir vu des choses qu’il ne pourrait imaginer, peut-être même qu’il n’accepterait pas de perdre son temps pour un simple sujet ayant ramassé quelques Slimes… Mais de ce qu’il avait vu à la fête Monokuma Heika était un souverain qui prêtait attention à son peuple, et il avait lancé le défi aux aventuriers arancioniens de récupérer ces phosphores Slimes, alors il ne devrait pas s’inquiéter, n’est-ce pas ?

Il se surprit à être impatient. Qu’attendait-il réellement de cette entrevue ? Il l’ignorait lui-même, peu-être aurait-il l’occasion de lui poser certaines questions… Mais un garde s’approchant de lui pour lui annoncer qu’il allait être reçu coupa court à ses pensées, se relevant, il déglutit et souffla une dernière fois. Plus le temps de tergiverser à présent…

Les portes s’ouvrirent pour laisser sortir un homme auquel Seijuuro ne prêta aucune attention, ne cherchant même pas à savoir s’il s’agissait d’un haut placé pour adopter un comportement adéquat et le saluer comme le demandait son rang, mais il était bien trop accaparé par ses pensées. On l’appela ensuite, et il entendit qu’on le présentait dans l’écho de la grande salle. Il prit alors une grande inspiration devant les portes qui s’ouvraient à nouveau pour le faire entrer; il fit quelques pas avant de poser un genou au sol, révérencieux.

Il fut honoré des paroles du Roi, le remerciant pour son action qu’il disait importante, et il ferma lentement les yeux de soulagement, ses inquiétudes s’élevant de ses épaules, les allégeant significativement. En revanche il eut un léger sursaut à la question. Une récompense ? Il ignorait que c’était à lui de la choisir, sinon il y aurait pensé !

Se calmant pour ne pas paniquer en vain, il réfléchit, se demandant ce qu’il pouvait demander. De l’argent ? Cela serait purement cupide et ce n’était nullement son genre. Un logement ? Du gâchis, il n’aurait pas de difficulté à en trouver, et marchander était à sa portée s’il n’avait pas de quoi payer. Le rouge se força à penser à des choses moins matérielles, il s’agissait d’une faveur du Roi après tout, quelque chose qui ne serait pas trop demander, mais qui serait tout de même digne de sa majesté.

Quel vœu lui ferait-il le plus honneur ? Et lui, que voulait-il vraiment ?

Depuis qu’il était venu à Yume no Sekai, sa principale raison de vivre était l’aventure et la découverte, assouvir sa soif de connaissances dans ce monde rempli de mystères qui ne demandaient qu’à être résolus, il n’avait aucune attache au départ, libre comme l’air… Mais il devait avouer qu’il était comme tombé amoureux d’Arancioni, c’était son pays désormais et il pouvait s’y sentir chez lui, jamais avant le garçon-chat n’avait ressenti un tel attachement. Appartenir à une communauté, il avait connu ça avec son équipe, mais jamais avec son pays… Un très fin sourire se dessina sur ses lèvres à cette pensée, oui, il aimait Arancioni, sans aucun doute.

Il réalisa alors que son vœu le plus cher, serait de protéger ce à quoi il tenait, Kurohmaru, Roko, et son pays. Il ne serait probablement pas d’une grande aide à présent, et rien ne disait même que le pays rencontrerait un grand danger un jour proche, mais s’il pouvait faire quelque chose, il voulait le faire, il voulait que son existence serve à autre chose que protéger le pseudo honneur d’une famille à laquelle il n’avait pas demandé à appartenir. Non il voulait se battre pour protéger ceux qu’il avait décidé de protéger.

Toujours son petit sourire aux lèvres, il déclara alors d’une voix calme.

« Majesté, si j’ai un seul vœu, cela serait celui de vous servir pour la paix et la prospérité d’Arancioni. »

Oui, c’était définitivement ce qu’il souhaitait faire ; il aurait tout le temps de se reposer une fois à l’âge de la retraite.