Le Théatre de la Peur ?! [PV Jane]

Une nouvelle fois, le garçon-chat avait décidé de découvrir un nouveau Royaume; il avait l'impression qu'il y en avait infini dans ce fantastique Monde des Rêves, qui sait, peut-être qu'on pouvait en inventer avec le seul pouvoir de l'imagination ?

La traversée de Giallo, le Pays de l'Art, ne se fit pas aussi longue qu'il l'avait prévu au départ, la chaleur y étant bien présente mais largement plus supportable que celle qu'il avait connu à Rosso, de plus, les différents endroits sublimes par lesquels il avait pu passer l'avaient suffisamment captivé pour qu'il ne sente plus le temps passer, se laissant aller à la contemplation, à l'écoute de ces innombrables œuvres dont la sensibilité le touchait profondément. Il avait toujours aimé l'art oui, pas qu'il y accorda une passion dévorante, mais passer une journée dans un musée était systématiquement pour lui synonyme de passer une journée au Paradis.

En arrivant dans un village à l'orée du désert, on lui annonça qu'au delà de l'océan doré se trouvait un endroit incontournable pour tous les férus d'antiquités, il lui suffisait de marcher droit devant lui et l'endroit apparaitrait comme par magie devant lui, se dévoilant de derrière les vents de sable.

Ainsi, le front en sueur et de petits grains brillants dans les cheveux, il arriva au Théatre des Arts, comme on l'appelait, et il ne fut pas déçu du trajet parcouru. La bâtisse qui se dressait devant lui était digne du Colisée de Rome, peut-être même bien plus majestueux. C'est le souffle retenu qu'il pénétra l'endroit.

C'était grand, immensément grand. Des fines sculptures, si raffinées qu'il eut peur de les effacer en les frôlant, ornaient les très nombreux piliers ornant les couloirs, et pas une âme qui vive ne semblait présente dans l'endroit, le mettant à l'aise dans son observation, seulement accompagné du courant d'air dont même le sifflement passant sur les murs semblait mélodieux.

Si Kuroh était là, il aurait demandé quel intérêt il y avait à tout cela, l'art était quelque chose créée par l'homme, que seul ce dernier semblait apprécier, et il trouvait cela bien dommage, car le tourbillon de sentiments qui pouvaient le traverser lorsqu'il observait une peinture était quelque chose qu'il aurait aimé faire découvrir aux gens auxquels il tenait.

Il foulait le sol prudemment, croyant presque à un mirage, mais à un tournant il commença à se sentir inexplicablement mal-à-l'aise, contrant son impression d'à peine quelques instants plus tôt. Qu'était-ce que cela ? Il fronça légèrement les sourcils, serrant sa chemise à son torse alors que le sentiment croissait en lui de façon peu rassurante. C'était comme si...Comme si la mort approchait, ou quelque chose du genre, c'était perturbant, et il n'aurait sû le décrire avec exactitude. Suoi qu'il en fût, cela devait venir de quelque chose, mais quoi ? Il fit à nouveau quelques pas cherchant dans ce qui l'entourait quelque chose qui puisse être le source de cette impression, mais au lieu de trouver une réponse convaincante, il lui sembla entendre des pas se rapprocher. Quelqu'un d'autre était ici ?

  Le sentiment ne se tarissait pas, loin de là. A chaque pas il semblait grandir, à son dam. mais il devait tout d'abord trouver la source de cette impression, refoulant loin le très mauvais pressentiment qui le prenait au ventre en même temps, cela faisait un peu trop d'émotions d'un seul coup. Etait-ce l'endroit qui laissait émaner cela ? Depuis son arrivée ici il ne sentait rien, alors quoi, un endroit particulier ? L'ambiance lui rappelait celle de Malva, un endroit attaché à des sentiments dont il préférait ne pas se rappeler.

Mais il n'imaginait pas à quel point d'autres émotions, bien plus chaotiques et douloureuses allaient le prendre au corps...

"Allons mon enfant, ou te cache-tu?"

Il se statufia sur place, les yeux écarquillés. Cette voix...Non ce n'était pas possible, c'était tout à fait impensable, pourtant... Non, non non non. Mais cette voix il la reconnaitrait entre mille, cette voix qui l'avait tant bercé lorsqu'il était jeune, qui l'encourageait, qui le rassurait lorsqu'il faisait des cauchemars...Mais si elle se trouvait bel et bien ici...Pourquoi dans un endroit pareil ? Était-ce seulement le fruit de son imagination due à une déshydratation ? Ou ses oreilles lui jouaient-elles des tours dans un endroit si spacieux ? Il secoua violemment la tête alors que son point se refermait avec plus de force sur son haut, au niveau de son coeur, et que ses dents se serraient, il ne se sentait pas très bien...

"Ma...Maman...?" Demanda-t-il, sûr de rien à présent. S'était-il trompé en la cherchant à Malva, alors qu'elle se trouvait ici depuis tout ce temps ? Il ne savait plus quoi penser, la voix qui semblait l'appeler état si douce, elle lui ressemblait tant...

Il pressa le pas sans le savoir pour rejoindre la source de la voix...Grand mal lui fasse. Ce qu'il vit...

Plus aucun son ne fut capable de franchir la barrière de les lèvres, ses yeux écarquillés où naissaient déjà des larmes glissant sur ses joues comme des gouttes d'acide. Reculant, sur le point de tomber, son dos heurta un mur qui le retint dans sa chute, et il posa une main sur ses lèvres, bien qu'aucun son ne fut capable d'en sortir.

Une...Horreur, pure et simple se tenait devant lui. Comment...Comment pouvait-il voir une telle chose ? Ce devait être interdit, il...il ne pouvait pas supporter un tel spectacle, pas elle... Pas elle...

Il craqua, un cri abominable échappa de sa gorge alors que ses yeux se fermaient, coupant court à sa contemplation de cette vue immonde. Ses mains enserraient sa tête, comme pour le protéger de ce qu'il voyait, de ce qui ne pouvait qu'être un horrible cauchemar, où il devait survivre jusqu'à se réveiller.

Qui...Qui avait pu faire une telle chose à sa mère ?! Pourquoi se présentait-elle devant lui ainsi ? Pourquoi ? Pourquoi lui faisait-elle mal ainsi ? Sa mère, sa douce et tendre mère, sa mère que tout le monde disait si belle, si lumineuse...

Il glissa le long du mur jusqu'au sol, les larmes dévalant ses joues. Il s'interdit de la regarder durant plusieurs secondes, attendant peut-être qu'elle disparaisse, qu'une fois sa tête relevée il n'y ait plus personne devant lui. Mais il ne put résister et finit par lever un œil...

Il leva un oeil...Et vit une jeune femme se pencher vers lui; il ne put que la fixer, hagard. Où était sa mère ? Qui était cette femme et que faisait-elle là ? Avait-il réellement rêvé ? Il ne parvenait pas à réfléchir correctement et la peur faisait encore trembler ses membres et ses lèvres. Il eut un mouvement de recul instinctif lorsqu'elle se pencha vers lui, l'assénant de questions.

Comment...Comment il avait fait ? Pour avoir peur ? Il ne comprenait pas, il ne comprenait décidément pas ce qu'il se passait. Se collant au mur pour tenter vainement d'échapper à la prise de la femme, il la regarda avec de grands yeux. Elle l'avait fait exprès, il en fut convaincu pour une sombre raison (ou probablement aucune raison d'ailleurs), elle avait pris l'apparence de sa mère exprès, avec cette apparence ignoble, alors qu'elle lui avait parlé d'une si douce voix. Comment elle avait su, il se poserait la question plus tard, il baissa la tête.

"Comment avez-vous pu faire ça ? Me faire voir ma mère de cette façon, c'est ignoble, innommable..." Il était encore sous le choc, il n'arrivait pas à réfléchir, les mots quittaient ses lèvres sans qu'il ne les contrôlât. Il savait qu'il devait se calmer mais n'y arrivait pas, la vision de sa mère, le sang coulant de son cou tranché, sa tête reposant dans ses mains, le hantait encore et encore, s'imprimant dans son esprit avec la douleur d'un marquage au fer rouge. Il s'en sentait nauséeux, il avait envie de partir, d'oublier, mais ses jambes tremblaient trop pour le porter, et il risquerait de se perdre dans le désert et y rester pour toujours. Son coeur lui faisait encore mal à battre à tout rompre, et les larmes ne semblaient pas décidées à se tarir.

"Pourquoi ?..." Demanda-t-il finalement dans un murmure, fondant en larmes silencieusement cette fois.

La femme se mit à lui crier dessus, qu'elle ne s'amusait pas et qu'elle...Souhaitait connaitre ce qu'était la peur... Ses larmes cessant soudain de couler, il leva un regard d'incompréhension sur elle, elle voulait connaitre ce qu'était la peur, cela devait vouloir dire qu'elle ne pouvait la ressentir...Il ne put s'empêcher de se dire que c'était vraiment étrange, ça...

"La peur est quelque chose de...Naturel..." Murmura-t-il, dans ses pensées, avant de baisser la tête, se mordant la lèvre, "Suis-je bête, vous devez certainement déjà le savoir, ça..." Il sentait clairement que cette femme était en colère, contre lui, de ne pas lui avoir répondu supposait-il, il préférait éviter d'attiser encore plus son courroux, il n'aimait point être cause de conflits. "Je, enfin..."

Il cherchait un moyen d'expliquer, ayant fini par saisir les motifs de son vis-à-vis et, il devait l'avouer, un peu pressé d'accéder à sa demande pour se trouver seul à nouveau et prendre le temps de se remettre de tout ça. Il était vrai que voir sa mère dans un tel état bouleverserait n'importe qui, mais dans son cas c'était un peu particulier, c'était plus...Sensible, va-t-on dire. Il faillit d'ailleurs faire un nouveau blocage lorsqu'elle déclara ne pas savoir à quoi ressemblait sa mère, et avoir décelé que sa peur était liée à sa famille. Ce devait être là son pouvoir, mais elle devait se baser sur une image standard et sa propre imagination faisait le reste...Il aurait été tenté de dire que cela ne l'aidait pas, mais il put tout de même se détendre un peu, recouvrant enfin ses esprits. Il prit alors une grande inspiration avant de débuter son semblant d'explication.

"Jignore comme je puis exprimer ça, c'est un sentiment que j'ai peu ressenti mais qui me semble naturel alors je ne me suis jamais posé la question...Quant à la vision que j'ai eu, elle m'a empli pas seulement de peur mais d'horreur, j'ai eu peur de voir un être cher dans un tel état, je..."

Non non non, cette réponse ne devait pas être convaincante, il ne faisait que tourner autour du pot, sans s'attaquer au sujet principal, mais comment le pourrait-il s'il n'en savait rien ?!

Servir de sujet d'étude ne le dérangeait pas, et il devait avouer qu'à cet instant-là, aborder le chaos qu'il avait ressenti de façon scientifique, en tentant d'adopter un œil extérieur l'aidait bien plus qu'il ne le répugnait. De plus, son esprit curieux et cartésien de pouvait s'empêcher de voir un attrait certain au sujet si peu exploité. Peut-être, s'il fournissait assez d'informations à cette femme, pourrait-elle à son tour lui en apprendre plus et lui permettre, à l'inverse, de combattre cette émotion qui le terrifiait ?

Continuant de réfléchir, Akashi prêta tout de même une oreille attentive à ce que lui dit la jeune femme s'étant installée, assise face à lui. La peur n'était pas naturelle dans son cas, disait-elle...Était-ce seulement possible ? Ce n'était pas qu'il ne la croyait pas, il savait beaucoup de gens privés de choses qu'on n'imaginerait pas, mais ne pas ressentir la peur, de cette façon, il n'aurait pas cru cela possible, mais plus que ça, une question ne tarda pas à poindre dans son esprit.

"Pourquoi cherchez-vous à connaitre la peur ?" Oh, il devait sembler idiot avec cette question, il s'empressa d'ajouter alors, "Je veux dire, c'est un sentiment particulièrement...Désagréable ? N'importe qui vous envierait d'en être débarassé, la peur est un frein considérable à beaucoup de choses..."

Il disait ça, pourtant il parvenait plus ou moins à concevoir pour quelles raisons on pouvait souhaiter connaitre la peur lorsqu'on en était privé : si ce sentiment freine, il sauve aussi parfois, souvent, de faire certaines bêtises, parfois bien graves; puis avec elle, vient le réconfort, le soulagement, que finalement tout va bien...Il ne parvenait pas à imaginer avec exactitude tout ce que cela pouvait incomber, mais il pouvait en avoir une vague idée, et il ne put se retenir de se sentir mal pour cette femme.

Mourir de peur ? Irait-elle vraiment jusqu'à de telles extrêmes ? Il était compréhensible qu'elle fasse tout pour pouvoir la ressentir, mais ne serait-il pas bête qu'elle en meure ? Du moins la première fois qu'elle le ressente ? Mais cela serait l'accomplissement de sa vie, peut-être, assez pour qu'elle puisse partir satisfaite...Qui était-il pour juger après tout ?

"Personnellement, ce serait quelque chose contre laquelle je serais tenté de lutter, chercher à me contrôler pour ne pas tomber dans le piège de certains qui pourraient avoir le même pouvoir que vous, et qui en profiteraient pour s'en prendre à moi, ou même, dans l'absolu, pour devenir plus fort... On dit toujours qu'il faut "vaincre ses peurs", et je crois à ce proverbe..." S'il y parvenait réellement, alors il pourrait combattre plus efficacement, enfin il supposait, car il pourrait également risquer sa vie plus bêtement, et peut-être y succomber...

Décidément, le sujet méritait une véritable réflexion.