Bienvenue à Waterfall [PV Mernuiro]

Il gisait en fort mauvais état sur le sol en fer du port sous-marin. Les os des bras et des jambes broyés par la pression de l’eau à de telles profondeurs, ainsi que la plupart des côtes fêlées et bien d’autres lésions internes pour la même raison. En décidant d’atteindre la capitale à la nage, Mernuiro ne s’attendait bien sûr pas à atteindre son objectif indemne, mais il n’avait probablement pas prévu d’être atteint au point de ne plus pouvoir bouger… Je vous vois vous demander pourquoi un tel génie n’avait-il pas prévu quelque chose d’aussi évident. Eh bien, peut être qu’il n’est pas aussi génial que ce que ses prouesses dans son ancien monde ne pourraient le laisser croire. Le principal problème dans son “plan” est qu’il s’est uniquement concentré sur le problème de la respiration, qu’il a résolu avec brio d’ailleurs, mais à totalement mis de côté les inconvénients engendré par les prédateurs et la pression, ce qui a suffit à le mettre dans cet état. Mais ne le dévalorisons tout de même pas trop. Bien sûr qu’il ne se serait pas lancé dans cette petite nage mortelle s’il n’avait pas prévu de “filet de sécurité” et ce filet que l’on appelle la panacée saura tout à fait le sauver dans sa situation actuelle.

Cette panacée tire son nom d’un vieux rêve d’alchimiste mais est en réalité constituée de millions de nanomachines parcourant le corps de Mernuiro. Ayant pour mission de réparer n’importe quelle blessure en quelques heures à peine.  Bien sûr, il s’agit la de bien plus qu’une simple blessure mais il attendra le temps qu’il faux. A moins que l’envie de découvrir ce nouveau monde ne soit plus forte que celle de pouvoir utiliser ses membres correctement. Je pense que d’ici un jours où deux, il n’y paraîtra plus rien de toute façon.

Depuis de longues minutes, Mernuiro descendait dans les eaux sombres de cette mer inconnue. Il s’était vite rendu compte que la pression de l’eau allait lui faire du mal bien plus tôt qu’il ne l’avais prévu et avait créé de nouvelles bulles de protection avec son bouclier autour de ses oreilles afin de se protéger les tympans, au risque de voir son drone tomber en panne plus rapidement. Hormis cela la descente se déroulait presque parfaitement bien. Ses talents en natation n’étaient plus à prouver depuis longtemps bien sûr mais il ne s’était jamais entraîné ailleurs qu’en bassin. Cela peut paraître dérisoire mais je vous assure que nager en pleine mer n’est pas chose aisée lorsqu’on ne s’y est jamais essayé. Heureusement que sa seule direction était en bas car tout, les courants, sa faible corpulence, ses habits et son matériel, semblaient l’y pousser du mieux qu’ils pouvaient.

Il descendait de plus en plus, respirant à travers sa forge atomique avec quelques difficultés mais néanmoins suffisamment pour ne pas tomber inconscient, jusqu’à ce point majeur dans sa descente qu’il n’avait absolument pas prévu. Les nombreux prédateurs qui rodaient à ces profondeurs n’étaient réellement pas un élément à négliger. Au point où il en était parvenu, il n’était pas question de faire demi-tour. De toute façon, il ne sentait déjà plus l’une de ses jambes et avait du mal à bouger ses autres membres alors remonter était totalement impensable. C’est dans ces conditions peu enviables, au bord de l’inconscience, que le scientifique dut trouver une solution pour ne pas servir de repas à l’un des monstres dont il voyait les ombres rôder partout autour de lui, et la seule idée qui lui vint avant qu’il ne sombre dans l’océan de l’inconscience après s’être lui même mis dans cet abîme, fut de générer des écrans bleus autour de lui afin de se rendre moins visible des immenses carnivores qui l’entouraient. Je doute fort que cette stratégie aie beaucoup fonctionné mais force est d’admettre qu’il finit par atteindre Waterfall. Mon avis personnel est que non seulement la trainé blanche de sa blouse le faisait passer pour une méduse. Peu appétissant pour un carnivore, vous en conviendrez, mais aussi que le léger champ magnétique dégagé par ses boucliers repoussait les quelques prédateurs intéressés par l’éventualité d’ingérer une méduse. Cependant, les hypothèses concernant ce qui l’a sauvé restent ouvertes car si la chance y a eu un rôle majeur, elle n’est sûrement pas le seul acteur de cette réussite improbable.

C’est inconscient et porté par les courants que Mernuiro finit par arriver à proximité du port sous-marin de Waterfall. On le vit de l’autre côté de la vitre et on envoya une navette le récupérer, ce qui nous amène à la situation que nous connaissons. La quasi totalité de ses fonctions vitales s’étaient déjà arrêtées mais la panacée avait déjà commencé à travailler depuis le commencement de la plongée afin de maintenir en bon état le cerveau. Il ne lui fallut donc que quelques heures avant de passer de l’état incertain entre la vie et la mort à celui de survivant mal en point, de pouvoir rouvrir les yeux. Et ce qu’il vit était...

Un lit… Une lumière blanche ? Des médecins ? Des perfusions ? Il semblait qu’il était arrivé à destination. Cela était une bonne nouvelle. Cela dit les chances pour qu’il se réveille après avoir échoué étaient nulles... Et en plus de ça on avait pris soin de lui ? Bien que la panacée surpasse très probablement de loin les médecins en terme de guerison des tissus et de reconstitution des os, cela était une bonne nouvelle. L’endroit dans lequel il venait d’arriver n’était au moins pas totalement hostile et possédait de plus une technologie asssez avancée pour soigner le genre de blessures qui réduisent toute une partie du corps en miettes et qui sont bien sûr la plupart du temps mortelles.

Mernuiro reprenait à peine connaissance, se familiarisant avec la luminosité froide du lieu, qu’une voix robotique l’interpella. La voix disait appartenir à Terax, major de la milice de Blu, et lui demandait qui il était. Question évidente à poser dans ce genre de situation, quoique peu pertinente en ce lieu car ici, Mernuiro n’était encore personne.

Il réfléchit courtement à sa réponse alors que son regard s’habituait à la forte lumière et lui permettait de voir l’androïde qui lui adressait la parole à sa droite. Il lui répondit en tournant la tête dans sa direction avec un léger signe de salut de la tête quelque-peu douloureux

“Enchanté major Terax. Merci de m’avoir fait soigner, même si je doute que cela eut été vital, ça me permettra sûrement de marcher plus tôt dans les rues de Waterfall. Je suis Mernuiro Avaro. Ingénieur en robotique et en nanotechnologies.

Il s’était a peine présenté qu’une voix autoritaire et suspicieuse retentit du fond de la pièce. Celle-ci ne se présenta pas et comme Merno ne l’avait pas dans son champ de vision qui était fixé sur le plafond, il n’avait aucune réponse à la question “à qui pourrait bien appartenir cette voix” excepté “un homme de l’armée”, ce qui était bien maigre comme information pour entamer une discussion. Mais bon il pouvait quand même se débrouiller sans cela pour répondre à une question non ? Il sourit légèrement en réfléchissant quelques instants et donna cette réponse :

“C’est normal de vous méfier mais si cela peut vous rassurer, j’y met mon honneur d’homme de science : à toutes les questions que vous me poserez, je m’engage à ne dire que la vérité.

Premièrement, je ne pense pas que l’on puisse dire que je sois arrivé “vivant”. À cette profondeur, avec cette pression, je pense que je ne suis pas arrivé inconscient mais plutôt dans le coma, avec la plupart des organes écrasés et quasiment tout les os broyés. Ce qui m’a permis de survivre, ce sont les nanomachines que vos médecins ont dû trouver dans mon sang. Elles sont programmées pour réparer mon corps en continu, ce qui m’a permis de ne pas mourir de mes blessures d’ailleurs… Ensuite pour la respiration, j’ai utilisé la forge atomique de l’un des drones collés à ma ceinture pour extraire l’oxygène de l’eau.” Il s’adressa ensuite aux médecins “Merci beaucoup. Dans combien de temps pensez vous que je pourrais remarcher ?

“C’est vrai, ce n’est qu’une proposition. Un simple choix entre la place de scientifique bien loti, ne manquant de rien et aidant au développement d’un royaume possédant la même envie que moi d’aller plus loin, contre, au mieux, une position de citoyen lambda exécutant un métier peu enrichissant et qui m’est pour l’instant de toute façon inconnu, et au pire, une position de paria, voir de criminel, dans les rangs de Nero, rien ne me force à accepter…”

Voici le genre de phrase que Mernuiro aurait sorti si il avait pu se permettre une si grosse quantité de cynisme mais il se rendait bien compte de sa situation actuelle. Cela était une chance inespérée ! Et même si l’idée de travailler pour le compte d’un royaume inconnu ne lui plaisait pas totalement, les bénéfices que cette offre pourrait lui apporter, en terme de biens et de nourriture, bien sûr, mais aussi et surtout de satisfaction, n’en étaient pas moins négligeables. Refuser cette offre serait quelque chose de stupide dans cette situation précise et Merno comptait bien accepter.

Ha un collègue donc. Enchanté scientifique Solaiman Organa. Votre franchise me réjouit, ainsi que votre confiance. Que vous m’accordez un peu trop vite d’ailleurs, je n’ai rien à me reprocher mais je ne vous apprend rien en vous disant que vous devriez toujours faire attention avant de proposer ce genre de poste à un inconnu. Cependant, c’est avec plaisir que je l’accepterai si ce que je vous ai dit ne vous a pas fait changer d’avis.”

Il essaya de rire, ce qui se finit en un léger grognement de douleur.

“Au fait, trois jours, c’est un peu long je trouve…” Il se tourna de nouveau vers les médecins “Sauriez vous quel moyen je pourrait utiliser pour visiter la ville sans avoir à utiliser mon corps ? Je risque de m’ennuyer ici. Ce n’est pas un problème en soit mais je n’aime pas gâcher le temps..."

Un ex-général d’une armée interstellaire ! Si Mernuiro avait pu s’attendre à ça… Cet homme venait apparemment d’un monde bien plus avancé que le sien et, contrairement à lui, avait été ramené longtemps, très longtemps en arrière en étant amené ici à Yume no Sekai. Il y aurait sans doute des dizaines de questions à poser mais ce n’était pas pour tout de suite. L’heure était à la découverte de Waterfall. Intérieurement, Mernuiro était excité et impatient de découvrir cette cité. Bâtie sous l’eau ! Quelqu’un dans son monde avait-il déjà vu cela ? Très probablement que non. En tout cas, le moyen trouvé pour lui permettre cette petite escapade était incroyablement simple : un bête fauteuil roulant. On oublie trop souvent que les inventions anciennes ne sont pas toutes obsolètes…

Merci beaucoup. Il est vrai qu’un fauteuil roulant fera totalement l’affaire si je fait attention.

Le major Terax entreprit de soulever délicatement Merno pour venir le poser sur le fauteuil roulant ramené par Solaiman. C’est à grand renfort de serrage de dents et de fermage de poings que le scientifique transita de son lit à la chaise sans laisser échapper le moindre cris ou gémissement de douleur, ce qui se solda tout de même par un soupir de soulagement une fois qu’il se retrouva sur son nouveau véhicule.

J’ai… réellement hâte de découvrir cette ville.

Une ville sous l’eau… En effet Mernuiro ne fut pas déçu. Alors qu’ils sortaient de l'hôpital, les yeux du scientifique furent immédiatement attirés par cet immense dôme qui englobait la totalité de la ville dans sa courbure pour la protéger du million de mètres cubes qui l’engloutirait si il disparaissait. Il contempla ce dôme pendant un long moment pendant qu’ils s’approchaient d’un canal pour y emprunter un taxi. Tout un tas de questions lui tournaient dans la tête alors qu’un sentiment qu’il n’avait pas ressenti depuis plusieurs années naissait en lui et lui montait à la tête, l’émerveillement. Il avait beaucoup de questions mais la plupart pourraient paraître futiles à un homme connaissant déjà la cité alors il n’en choisit une seule qu’il s’apprêtait à poser quand Terax prit la parole.

« Comme vous le voyez ! La ville est protégée par un immense dôme. Enfin bref ! Nous allons vous faire visiter la ville ainsi que ses différents coins. C'est ce que vous vouliez, si je ne me trompe pas. »

Il prit la parole et tout ce qu’il dit était parfaitement juste et comme ils allaient entrer dans le taxi que Solaiman avait appelé, il décida de lui répondre, bien évidemment, mais de reporter sa question pour un temps futur (relativement proche tout de même), quand ils seraient au calme dans le véhicule. Il détacha alors son attention du dôme pour baisser les yeux vers la ville puis les tourner vers Terax en souriant.

“Totalement. Je me doit de connaître la ville où je vais vivre non ? D’ailleurs il ne faudra pas que j’oublie de vous remercier une fois que ce sera terminé.”

L’androïde pris et le porta une nouvelle fois pour le poser dans le taxi flottant à côté de la fenêtre afin qu’il puisse profiter au maximum de la vue que le tour allait leur offrir et encore une fois, Mernuiro se crispa pour se retenir d’exprimer la douleur qui provenait de sa colonne vertébrale et se répandait dans tout ses membres. La posture dans laquelle l’avait posé Terax n’était pas déplaisante ou douloureuse alors il put se concentrer sur ce qu’il voyait à l’extérieur alors que le vaisseau quittait le quai et commençait à naviguer sur le canal paisible. Une fois l’émerveillement à propos du dôme, qui d’ailleurs n’était pas sans lui rappeler celui de sa ville natale, passé, il baissa les yeux et put découvrir la ville et s’étonner de toutes ses particularités : Malgré son grand avancement dans l’évolution naturelle de tout peuple, cette cité était totalement constituée de bâtiments apparemment construits avec des méthodes relativement anciennes. A l’exception des bâtiments officiels qui étaient en métal ,et de certains autres comme les hôpitaux, tout les bâtiments étaient fait de pierre et semblaient en retard d’au moins un voir deux siècles par rapport à la technologie disponible dans cette ville. Cela était sans doute dû à la difficulté d’acheminer de grandes quantités de ressources dans ce lieu sous-marin ? En tout cas c’était surprenant. Pas autant que le dôme bien sûr mais tout de même.

Encore une chose qui surprenait Mernuiro à ce moment est la présence d’un canal dans quasiment chaque rue. C’était une idée parfaitement logique de tirer parti de l’omniprésence de l’eau autour d’eux plutôt que de goudronner chaque avenue mais c’était un procédé que le scientifique n’avait jamais vu, et même jamais envisagé. C’est parfaitement normal, me direz vous, pour une personne vivant dans une ville au milieu du désert, et vous avez raison. Mais je pense que le souligner était quand même nécessaire. A présent il observait les différents models des petits navires qu’ils croisaient sur leur chemin. Il étudiait la coque d’un petit bateau bleu aux airs de sous-marin quand Terax le sorti de ses contemplations, lui demandant d’où il venait en l’appelant d’une manière qui, sans l’iriter, ne lui plaisait pas totalement. Il lui répondit sans détacher le regard de l’extérieur.

“Oui, on m’en a parlé. Je viens d’une ville qui s'appelle Kairos. Elle est sûrement aussi intéressante que celle-ci. C’est une cité construite dans le désert qui tourne lentement sur elle même pour compter les années…”

Il fit silence à peine quelques secondes avant de reprendre d’un coup avec une intonation souriante.

“Ha, au fait, vous pouvez m’appeler Mernuiro mais si vous tenez à me dire monsieur, mon nom de famille est Avaro.”

« Cela fait à peine trois semaines que le Major Terax a vu le jour, il n'est pas encore très habitué avec la parole et la politesse. »

C’était donc ça. Le scientifique ne pensait pas que cette nation était aussi avancée sur le plan de l’intelligence artificielle. Il avait déjà vu et même conçu des intelligences artificielles, bien sûr, mais elles étaient à chaque fois limitées et restaient dans le domaine des I.A. faibles. Pour se voir confier un poste de major trois semaine après sa naissance, celle-ci devait être extrêmement puissante. Décidément, il ne risquait pas de s’ennuyer ici ! Il était très impressionné et ne fut pas gêné de le montrer.

“Incroyable… Major Terax, je serais très honoré de parler à vos créateurs.”

Car oui, une machine aussi complexe ne pouvait pas avoir été créée par un seul Homme si ? Il se posait cette question quand le taxi s’arrêta à côté d’une sorte de foire. S’en suivit la manoeuvre habituelle du major pour le faire passer de sa banquette à son fauteuil et cette fois-ci, les deux hommes, enfin, l’homme et l’androïde, disons les deux militaires, commencèrent à avancer pendant que Mernuiro se familiarisait avec les boutons actionnant les roues de son petit véhicule. Ils s’actionnaient d’une faible pression et étaient situés au bout de l'accoudoir droit, juste sous ses doigts qu’il pouvait de nouveau faiblement bouger sans problèmes et sans douleur. Il les rejoint à peine une dizaine de secondes plus tard. A ce moment la, Solaiman commença à lui expliquer quel était cette partie de la ville où ils s’étaient arrêtés. Ces rues qui abritaient le souk semblaient assez importantes dans l’agencement de la ville. Principalement parce que le marché est toujours un endroit très important dans la vie d’une cité mais aussi bien sûr à cause de la largeur des voies et des innombrables personne, parfois même non-humaines, qui les parcouraient. La foule, aussi étrange que cela puisse paraître se séparait en deux à leur passage pour les contourner, ce qui faisait que Mernuiro ne rencontrait aucun problème à se mouvoir avec son fauteuil. Cependant il y a peu de chances pour que le jeune scientifique soit à l’origine de cela, il n’était pas franchement impressionnant. Ceux à l’origine de cela étaient sûrement ses deux guides. Les deux étaient très imposants et une bonne partie de la population devait connaître et respecter le général pour ses faits d’armes… Non ?

Enfin bref, suites à ces digressions dans l’esprit de Merno, Solaiman passa à l’explication de l’agencement de la ville elle même, très particulier. Une ville séparée en étages, quelle drôle d’idée. En un sens, cela le faisait penser à sa propre ville, située en haut de l’immense tour du désert. La surprise était de nouveau de mise après sa première vision de la cité car il y avait encore un point qui le laissa bouche-bée. Bien que chacune des informations étaient comprises et assimilées, il y en eut une qui l’étonna : ici, il y avait même des champs agricoles !? après quelques instants de silence pour avaler la nouvelle, Solaiman lui demandait s’il avait des questions. Bien sûr qu’il avait des questions, comme toujours. Et il ne se gêna pas pour en poser une qui lui trottait dans la tête depuis un bon moment.

“Oui, de quoi est fait ce dôme ? D’énergie ? de cristal ? De plastique ? De… verre ?"

« L'androïde Terax a été programmé pour être instructeur dans l'armée. C'est pour cela qu'il a été promu Major. Son objectif n'est pas de mener des batailles ou des troupes, mais d'apprendre aux nouvelles recrues les bases dans l'armée, rajoutais-je toujours du même ton. »

Mernuiro regardait et détaillait avec une certaine admiration chaque parcelle des mécanismes visibles du Major. Il n’en revenait pas. Une intelligence artificielle pouvant apprendre d’elle même aussi bien qu’un humain, et associée à un corps bionique si avancé, si résistant, si fort, à un niveau que lui et ses misérables drones étaient loin d’atteindre. Tout le savoir de cette civilisation qui était maintenant la sienne lui donnait le vertige car elle lui donnait non seulement envie de tout apprendre et de tout comprendre de ce qui existait ici, mais aussi de repousser la barre des connaissances et des capacités des Hommes encore plus loin. Plus loin que tout ce qu’il avait maintenant devant et dont il avait toujours rêvé. À commencer par renforcer les effets de sa Panacée car bien qu’elle lui ait sauvé la vie dans les abysses, ses effets étaient peu impressionnants face à la médecine d’ici et dans l’absolu, ils auraient très bien pu le sauver sans qu'il n’aie cette technologie en lui. Bien sûr, cette envie était avant tout due à la flamme des découvertes et la soif de l’inconnu qui avaient été ravivés par la cité mais on ne pourra nier qu’en plus de cela, il voulait prouver à ce peuple et à lui même qu’il était l’un des plus grands scientifiques qui soit, qu’il n’était pas dépassé par les événements contrairement à ce que l’on pourrait facilement le penser. Et qu’il pourrait toujours révolutionner le monde avec ses trouvailles. Malgré tout cela, il regardait Terax d’un air calme et quand il prit la parole pour terminer la discussion avant qu’ils n’arrivent à leur destination, sa voix était mélangée entre les accents neutres et enjoués.

“Je vois… Major Terax, je veux vous dire que vous êtes la plus belle création humaine que j’ai pu voir jusqu’ici. Réellement, tout en vous est incroyablement bien réalisé, je suis en totale admiration.”

Après cela, ils descendirent du taxi comme vous le savez, et échangèrent quelques mots déjà énoncés plus haut en marchant dans les rues de la ville qui abritaient le souk. C’est à ce moment du récit, où Solaiman expliquait à l’éphémère paraplégique la nature du dôme de la ville, que nous reprenons pour un court moment cette discussion. Le scientifique venait d’apprendre que ce qu’il croyait être un dôme n’existait pas réellement d’un point de vue matériel. Que sa présence était seulement due à des cristaux d’énergie qui permettaient à l’air de se maintenir sous la surface. Et bien évidement, la conclusion logique de la réflection qu’il se fit à lui même était celle-ci : il devait absolument voir, observer, scruter, étudier ces cristaux ! Car pour maintenir une bulle d’air de cette superficie à une profondeur comme celle-la, il fallait une quantité astronomique d’énergie, même s’il s’agit de magie ! Mernuiro pris la décision de garder cela pour plus tard, quand il serait installé et parfaitement guéri et ne répondit rien au militaire si ce n’est une onomatopé où peut être quelques mots pour exprimer son étonnement.

A présent que ce passage peu important a été couvert, nous pouvons passer à la dernière partie de cette rencontre. En ma qualité de narrateur, je me trouve limité aux événements couverts par le récit et ne puis voir ce qui se passe au cours des ellipses. C’est donc avec un certain regret que je reprend ma narration alors que nos protagonistes se trouvent déjà en haut de l’immense escalier permettant l’accès au troisième étage. Pourquoi ce regret dites vous ? Réflechissez. Mernuiro est en fauteuil roulant et il vient de monter un immense escalier. Comment a-t-il fait ? Hé bien nous ne le sauront pas, et ne pas savoir, ça me déséspère. Enfin bref, ça ne sert à rien d’épiloguer la dessus, si ? Non, nous sommes d’accord. Alors je reprend. Ces nouveaux quartiers qui se tenaient devant Mernuiro étaient bien différents de ce qu’il avait pu voir jusqu’ici. Presque plus de pierre mais des bâtiments construits tout en métaux et alliages. Plus hauts, plus résistants, et bien plus beaux aux yeux de cet homme habitué aux fastes des grands laboratoires blancs dans les sous-sols de quelque lourdes institutions d’acier touchant le ciel. En vérité, il s’attendait à ce genre de constructions dès le premier étage mais bon, cela est réellement sans importance car il se rappela à ce moment que ses appartements se trouvaient à cet étage.

Quelques instants plus tard, ils se retrouvaient à l’entrée d’un immense complexe dédié à la recherche. Mernuiro était comblé. Arriver ici après toutes ces découvertes, mettez vous à sa place. C’était l’apothéose de la journée la plus belle de sa vie. En temps normal, cet espace lui aurait permis de travailler dès maintenant et pour toujours sans jamais s’ennuyer ou rêver de quoi que ce soit d’autre. Mais maintenant qu’il était libre de toute entrave et de toutes obligations morales imposées par sa famille et son peuple, maintenant qu’il avait atteint et dépassé ses objectifs dans l’autre monde, il souhaitait partir à travers ce monde pour l’explorer, le découvrir, En substitution au sien dont il n’avait jamais connu qu’une seule ville, où il passait ses journées entières à chercher la réponse à une simple équation ou bien quel était le meilleur alliage à utiliser pour tel ou tel composant.

Le ramenant sur terre, Solaiman pris la parole pour lui proposer de se séparer. Ils avaient vus un bon morceau de la ville et tout ce qu’avait découvert Mernuiro pendant ce temps la le laissait pas beaucoup de place pour la discussion dans son esprit, et encore moins avec un militaire. Non pas qu’il eusse quoi que ce soit contre les militaires, mais il préférait grandement la compagnie des personnes dédiées à la science à celles dédiées à la guerre. Et préférait grandement la solitude aux personnes dédiées à la science. Cependant, Solaiman n’était pas l’un de ces bêtes hommes d’armes formatés à obéir. Il avait bien quelques prédisposition à la recherche (j’en veux pour preuve ce major Terax, dont Solaiman n’est probablement pas totalement étranger à la raison d’exister). Il est très probable que ces deux grands esprits se retrouvent une seconde fois, et lorsque ça arrivera, la mise en commun de leur efforts permettra probablement d’accomplir de grandes choses…

“En effet, je n’ai pas de questions trop urgentes à vous poser alors je pense que nous pouvons nous séparer maintenant. Merci beaucoup pour votre accueil, cette visite, votre offre et tout le reste. Monsieur Organa, major Terax.”

Il dit cette dernière phrase en saluant poliment les deux soldats d’un signe de tête, retourna son fauteuil dans la direction du laboratoire et commença à s’y engager, avant de lancer à l'attention des deux derrière lui :

“J’espère que nous nous reverront bientôt.”